Il n’y a pas si longtemps encore, les femmes n’avaient pas le droit de mettre le pied dans une taverne, encore moins d’opérer un établissement. Heureusement, cette époque est maintenant révolue et l’industrie des bars et de la restauration au Québec voit une panoplie de femmes entrepreneures relever avec brio tous les défis que le milieu impose. Dans le cadre de la journée de la femme, nous désirons mettre en lumière le travail de 5 pionnières de notre belle industrie qui ont définitivement leur place au sein du palmarès des femmes inspirantes au Québec.
Gabrielle Panaccio, pour l'innovation
Crédit photo: Le Courrier du Sud
Mixologue de renommée et redoutable femme d’affaires, c’est d’abord en cuisine que Gabrielle fait ses premières armes, suite à une formation culinaire à l’ITHQ. Avide de nouvelles techniques et connaissances, elle s’envole pour l’Italie et dégote un emploi dans une trattoria où elle sera la première femme à entrer dans ses cuisines et travailler au sein d’une équipe entièrement masculine. Des commentaires déplacés, elle les a pas mal tous entendus!
Elle décide de poursuivre l’aventure dans ses valises en entamant un voyage d’un an et demi en Australie, où sa créativité sera reconnue par le prestigieux bar Eau-De-Vie, situé à Sydney. Son choix de carrière est alors tracé; elle se dédie entièrement au bar et apprend auprès des meilleurs mixologues d’Australie.
À son retour à Montréal, elle se fait vite repérer par Le Lab, un des tout premiers bars à cocktails au Québec. De directrice du Lab à co-propriétaire, elle apprend à la dure à faire sa place lors des compétitions de mixologie et fraie le passage à la gent féminine en montrant à l’industrie que les femmes ont tout autant leur place sur la scène cocktail québécoise et savent se défendre avec ardeur et passion auprès de leurs compétiteurs masculins.
La tête constamment pleine de projets, rien n’arrête Gabrielle. De la création de la division événementielle Proxibar du Lab à l’ouverture d’une deuxième succursale dans le quartier des spectacles, jusqu’à l’élaboration d’un des premiers vermouths québécois et à la création de sirops artisanaux, elle est définitivement une actrice importante dans l’émancipation de la culture cocktail au Québec et nous sommes excités de voir quels autres tours elle nous réserve dans son sac!
“ Un des meilleurs conseils que j’ai reçu est que, peu importe où l’on regarde, on doit être capable de percevoir au-delà de la première impression et qu’à chaque endroit et qu’à travers chaque situation il y a un concept, une idée, un détail important à retenir.”
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Sandrine Balthazard, pour l'inspiration
Crédit photo: Medium
Tombée dans le vin dès son plus jeune âge grâce à la compagnie familiale d’importation de vins Balthazard, Sandrine parfait ses connaissances en marketing sur les bancs du HEC avant de reprendre les rênes de l’entreprise éponyme avec son frère en 2015.
Un projet jamais bien loin devant l’autre, elle cofonde une maison d’édition qui lancera, entres autres, le recueil de recettes végétariennes gastronomiques et leurs accords mets et vins Pas besoin d’être végétarien pour aimer ce livre, qui devient immédiatement un coup de coeur chez Renaud-Bray. Elle fonde Le Parloir – caves privées en 2017, un club privé exclusif où amateurs et moins connaisseurs peuvent y entreposer et déguster leurs propres bouteilles de vins.
Elle croit fortement en l’importance de relancer notre économie locale en ne collaborant qu’avec des fournisseurs locaux pour Le Parloir et en mettant de l’avant, par l’entremise de l’agence Balthazard, des vins canadiens et vignerons d’ici.
Femme d’affaires influente, Sandrine n’a jamais eu peur d’exprimer ses opinions sur les médias en dévoilant sa vulnérabilité pour prendre position sur des sujets d’actualité touchant particulièrement les femmes. Son désir d’élever la gent féminine en affaires et de s’entraider dans le milieu passe d’abord par la notion que nous sommes une des premières générations de femmes à avoir la possibilité de se lancer en entrepreneuriat et qu’il est fondamental de paver le chemin pour les futures générations.
“ Plus que jamais, il faut entretenir des liens de solidarité avec d’autres femmes, de poursuivre à unir nos voix/voies pour continuer de faire avancer les choses. L’union fait la force et ensemble, rien est à notre épreuve. Il faut aussi savoir se donner le droit de se reposer si le combat devient trop lourd à porter, être fières de ses succès, ses imperfections, se donner le droit aussi de voir grand! «
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Claudia Doyon, pour le souci du détail
Crédit photo: Claudia Doyon
Claudia Doyon s’est fait connaître du grand public, entre autres, en gagnant la compétition de mixologie Made With Love de 2019 (la dernière édition en présentiel, ça nous semble si loin!). Ce qui a ébloui le jury? Son cocktail boréal à base de sirop de noix de noyer et d’écume de courges lacto-fermentées, accompagné d’une bouchée de foie gras au torchon et meringue de champignons sauvages cueillis à la main. Cela résume bien le travail de Claudia; une attention particulièrement bienveillante à la provenance et qualité des produits utilisés.
Passionnée de restauration, de communications et de photographie depuis de nombreuses années, elle met tous ses talents au profit des produits d’ici dans le but de les faire rayonner et offrir des cocktails recherchés, réinventés et aux saveurs 100% locales.
Autrefois chef bartender au réputé bistro Coureur des Bois, elle gère depuis la distillerie La Chaufferie; dont les valeurs de production du grain à la bouteille concordent avec le gage de qualité que Claudia exige dans tout ce qu’elle entreprend et représente. Elle cofonde, à l’automne 2020, l’entreprise Amer Kébek; une gamme de bitters 100% québécois.
Claudia fait sans contredit briller l’industrie au Québec grâce à sa méticulosité et son dévouement pour ses artisans distillateurs et devient la preuve que le milieu de la mixologie québécoise n’a rien à envier à la scène Internationale.
“Un des meilleurs conseils qu’on m’ait donné a été de m’auto évaluer pour mettre en lumière mes forces et mes faiblesses afin de m’entourer des bonnes personnes. L’intelligence collective nous permet d’aller beaucoup plus loin dans nos idées et c’est ce qui fait en sorte que certaines bonnes idées deviennent excellentes.”
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Gaëlle Cerf, pour la détermination
Crédit photo: Radio-Canada / Étienne Côté-Paluck
Passionnée de cuisine depuis la plus tendre enfance, Gaëlle a non seulement influencé la scène culinaire québécoise en incorporant le comfort food à la haute gastronomie mais a également contribué à changer le visage de la restauration à tout jamais en ouvrant la voie à la street food au Québec.
Anciennement gérante du Au Pied de cochon, elle cofonde le feu Grumman 78 qui aura tristement été une des entreprises victimes de la pandémie mondiale. Fonceuse comme nul autre, elle a le projet fou de démocratiser la bouffe de rue au Québec, dont les lois ne permettent pas la vente de nourriture à l’extérieur des établissements. D’une main de maître, elle réussit à faire tomber les lois et fonde l’Association des restaurateurs de rue dont elle est la vice-présidente. Nous lui devons donc l’apparition des food trucks, qu’elle qualifie de “marchands de bonheur”, dans les nombreux festivals de la province! Elle fonde également le festival Yuleat en 2014, événement mettant de l’avant l’art de la cuisine et des saveurs locales.
Gaëlle est une femme de front qui ne recule devant rien, pas même de vieilles législations poussiéreuses qui empêchent la réinvention culinaire. Et pour cela, nous lui en serons toujours éternellement reconnaissants.
Nous avons bien hâte de la retrouver, le nez dans plein de projets. D’ici là, vous pouvez la croiser au Frigo Communautaire de St-Henri, un organisme sans but lucratif qui distribue des denrées et repas aux gens dans le besoin, où elle continue de prendre soin de sa communauté un bon plat à la fois!
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Fanny Gauthier, pour la polyvalence
Crédit photo: SAQ / Julien Faugère
Depuis son arrivée en sol canadien il y a plus de 15 ans, Fanny Gauthier est un pilier du milieu du cocktail au Québec. Autodidacte, elle fait ses premières armes dans le milieu de la restauration dans un café de Paris mais développe vite la piqûre derrière le bar et s’initie à l’art de la mixologie au célèbre Buddha Bar de Paris en 1997. Il lui faudra tout juste 2 ans pour se retrouver à la tête des bartenders, faisant d’elle la plus jeune chef barman de France. Dès lors, son talent et sa passion certaine pour l’agencement des arômes et des saveurs lui ouvrent de multiples portes. C’est plutôt l’aventure qui l’appelle et qui la mène dans un avion direction Montréal, la tête pleine de projets en 2004.
Grande communicatrice, elle cofonde en 2008 l’École Ateliers & Saveurs, première en Amérique du Nord à offrir des cours de cuisine, de cocktails et de dégustation de vin dans un même espace. Suite à la pandémie, l’établissement se réinvente en offrant ses ateliers à distance et réussit son mandat de former des passionnés aux quatre coins du Québec.
Portant plusieurs chapeaux; maman, mixologue, entrepreneure, formatrice, auteure et chroniqueuse, elle réussit toujours à mener à terme ses nombreux projets tout en donnant de son temps à la relève pour transmettre son savoir-faire et élever le milieu de la mixologie au Québec en faisant rayonner les produits de chez nous.
“ Le meilleur conseil qu’on m’ait prodigué est que rien n’est impossible dans la vie et que même si le milieu du bar est plus masculin, nous avons notre place également ! De toute manière, si nous sommes des professionnelles dans notre domaine; le respect de nos pairs vient avec automatiquement.”
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Des femmes inspirantes qui défoncent des murs et font tomber les diktats, on en trouve dans tous les domaines. Cet article est un hommage à la génération passée, présente et future. Femmes, vous pouvez être fières du chemin accompli!
